Questions & Réponses Avec Serge Lutens - 2ème Partie {Perfume Q & A}

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Photographie de Serge Lutens, reproduite avec la permission de Peter Gabor - © toute reproduction interdite, usage strictement pédagogique

Comme vous pourrez le constater en lisant cette deuxième partie de notre interview avec Serge Lutens (voir la première partie), il est un esprit qui pense toujours au-delà des limites prévisibles assignées par les questions.  Ici, il s'exprime sur l'héritage baudelairien, sa collection de fards, le parfum mythique Nombre Noir, la parfumerie dite de "niche", et sa contribution à la parfumerie contemporaine.

Marie-Hélène Wagner:

16 - Pensez-vous qu’en matière de parfumerie, nous soyons les héritiers de Baudelaire ?

Serge Lutens

- Le parfum n’est pas en soi qu’une senteur. Il est porteur d’imaginaire. Le parfum est épais, il est poison et désir pur. C’est Eros en prison ! Je pense que nous sommes avant tout héritiers de la frustration, mais aussi de la révolte qui fait que les non-soumis aspirent encore…

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MHW:

17 - Pouvez-vous nous parler un peu de votre ligne de fards ?

 

SL:

- C’est un nécessaire de beauté conçu en minimal. Par un ensemble de détails invisibles ou à peine perceptibles (miroirs biseautés des boîtiers, sculpture du bâton de rouge à lèvre, soie des écrins…), il répond à mon besoin d’image. Le rare donne la sensation de pouvoir se considérer comme rare.


Chaque objet de ce nécessaire de beauté a été réalisé dans un idéal (s’il existe).
Un maximum pour ceux n’aimant que le minimum !

MHW:

18 - Y a-t-il une chance de voir le mythique Nombre Noir à nouveau sur le marché?

SL: 

- Ce parfum est mythique par son nom, son packaging noir sur noir. Un coup de pied dans le toc doré de la parfumerie ! Le parfum, lui, est une senteur de fleurs blanches. A l’époque, ma timidité ne m’avait pas permis d’élaborer le vitriol de luxe que je souhaitais.
Je pense que c’était une erreur de le supprimer (je n’y suis d’ailleurs pour rien), mais aussi, qu’il ne serait pas intéressant de le réintroduire à nouveau sur le marché. La privation, c’est le début du désir.

MHW:

19 - Comment définiriez vous la parfumerie dite de « niche » ? Aimez-vous cette expression ?


- L’appellation « parfumerie de niche » n’est pas juste. C’est une parfumerie d’amateurs faisant contraste avec la parfumerie de « jus de sondages ».
D’ailleurs, je ne me laisserai pas mettre à la niche. Je suis un chien de rue et préfère la fourrière en ce cas.

MHW:

20 - Quelle a été votre contribution à la parfumerie contemporaine ?


- Je ne sais pas si j’ai contribué à quoi que ce soit. J’ai juste fait ce que j’aimais dans l’instant.

Si j’ai contribué à quelque chose, tant mieux, sinon… ça m’est égal !

 

Pour une galerie d'images époustouflantes créées par Serge Lutens, vous pouvez visiter le site de Peter Gabor

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